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Les origines de la révolution iranienne de 1979

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La révolution iranienne de 1979 est le fruit d’un ensemble complexe de facteurs. Les réformes du Shah allant à l’encontre du modèle iranien sans pour autant atteindre beaucoup de résultats positifs, le Shah s’est progressivement mis à dos la majorité de la population, tout en étant critiqué au niveau international.

La révolution iranienne, illustrée par le duel entre le Shah et l'ayatollah Khomeini
La révolution iranienne, illustrée par le duel entre le Shah et l’ayatollah Khomeini

Modernisation et sécularisation

Mohammad Reza Pahlavi souhaitait transformer son pays sur le modèle occidental. Il lance ainsi la « révolution blanche » en 1963 dont l’une des réformes phares est la modernisation de l’agriculture et la redistribution des terres. En plus de ne pas avoir les résultats économiques escomptés, beaucoup de paysans ne recevront que peu ou pas de terres, tandis que le clergé des ulémas, important propriétaire terrien, est peu satisfait de cette réforme.

Le Shah s’attaque également au bazar, symbole de l’identité traditionnelle iranienne auxquels il préfère les supermarchés occidentaux, en les accusant de contribuer à l’inflation. Par conséquent, ulémas et bazaris (alliés traditionnels en Iran) formèrent un bloc d’opposition au Shah. Ils contestèrent l’intrusion de l’Etat dans leurs affaires: régulation économique ; sécularisation de l’enseignement et de la justice.

Le projet de « Grande Civilisation » teinté de sécularisme et mythologie monarchique, la politique en faveur du droit des femmes, l’alignement sur l’Ouest vont progressivement donner l’impression d’un roi et sa cour déconnectés de l’identité profonde du pays.

Le bouleversement de la cohésion sociale traditionnelle, le fossé culturel entre la nouvelle élite et le peuple, l’échec relatif sur le plan économique dans un contexte d’absence de libertés politiques et de répression vont donc mener à une fronde de quasiment toute la population contre le Shah.


Une opposition intérieure grandissante

Au cours des années 60, des groupes de guérilla marxiste se développent dans le pays, s’inspirant des modèles de l’époque comme Guevara. Dans le monde étudiant, la contestation se développe, notamment avec la confédération des étudiants iraniens qui se chargera à l’étranger d’alerter les opinions publiques et les gouvernements sur les répressions en Iran.

Toutefois ces mouvements séculaires vont se faire dépasser par l’opposition religieuse. A l’époque, la pensée chiite iranienne connait une période de renouveau révolutionnaire. Elle sera notamment incarnée par les idées d’Ali Shariati, se basant sur un chiisme qui serait une révolution permanente contre toute forme d’oppression (impérialisme, féodalisme, monarchie). Tandis que le message de Shariati séduit l’intelligentsia iranienne, l’ayatollah Khomeini s’adresse plus directement aux ulémas. Dans ses séminaires, il propose une vision de la société où l’Islam serait au premier rang des affaires publiques, tandis qu’il devient progressivement l’opposant principal au Shah. Il sera pour cette raison contraint à l’exil de 1964 à la chute du Shah en 1979.

Pressions internationales

Élu en 1976, Jimmy Carter fait de la promotion des droits de l’homme un sujet important de sa politique. L’Iran va donc se retrouver peu après confronté à la critique internationale: Amnesty International, La Commission Internationale des Juristes, La Croix Rouge vont publier de nombreux rapports dénonçant la situation en Iran. Dans le même temps, cela libère la parole de l’opposition iranienne qui publie désormais ouvertement de nombreux articles et manifestes contre la politique du Shah et la répression menée par le SAVAK.

Après la publication d’un article attaquant Khomeini dans un journal gouvernemental en Janvier 1978, les étudiants en théologie de Qom manifestent massivement contre le Shah. S’ensuit une violente répression, qui sera le début d’un cercle vicieux alternant manifestations et répressions jusqu’à la révolution iranienne de 1979.

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